Afin de planifier la transition vers une économie circulaire plus économe en matières premières, la Direction Régionale de l’ADEME Normandie et la Région Normandie ont souhaité avoir une meilleure vision des flux de matière normands en vue d’affiner sa stratégie économie circulaire et de davantage mobiliser les entreprises du recyclage et l’industrie manufacturière. Pour cela, une étude régionalisée a été lancée sur le potentiel du recyclage de la Normandie, en complément des bilans nationaux sur le recyclage, avec plusieurs objectifs :
- Obtenir une meilleure vision de l’aval des filières de recyclage, c’est-à-dire comprendre le devenir des matières premières recyclées normandes ;
- Etablir la capacité de bouclage des matières à l’échelle régionale, c’est-à-dire comprendre si le gisement de déchets collectés et traités d’une matière peut subvenir aux besoins en matières premières des transformateurs du territoire.
- Prendre du recul sur la situation actuelle des filières de recyclage et sur les possibilités d’évolution futures, en en faisant une projection à horizon 2030 et 2050, et en étudiant les impacts environnementaux associés.
- En déduire des propositions de recommandations de politiques publiques, notamment sur le soutien aux filières de recyclage, à intégrer éventuellement au SRADDET lors de la prochaine révision.
Une première en France en termes d’approche de l’économie circulaire
L’approche de cette étude a été innovante du fait de plusieurs éléments :
- C’est une étude qui est centrée sur l’aval des filières de recyclage, en étudiant les flux de matière depuis la production de déchets jusqu’à l’incorporation de ces matières dans les processus industriels ;
- Les flux ont été étudiés avec une entrée matériaux (plastique, verre, etc.), et non par type d’acteur économique ni type de gestion. La seconde option est la plus fréquente, car il s’agit des données les plus facilement accessibles, notamment via la distinction des déchets ménagers et assimilés et les déchets des entreprises. Le choix de s’intéresser davantage à la nature du matériau a correspondu à une volonté de s’approcher au mieux des contraintes techniques du recyclage.
Dans cette approche, 7 matières ont été étudiées : acier, aluminium, cuivre, plastiques, papier-carton, verre (avec une distinction verre creux et verre plat), matériaux inertes du secteur des bâtiments travaux publics.
La création d’un indicateur, le taux de valorisation régional théorique
La première étape du diagnostic de l’existant a consisté à étudier les flux de matières à travers plusieurs étapes :
- Production des déchets;
- Collecte;
- Première transformation: il s’agit là de l’étape où la matière première recyclée est mélangée avec la matière première vierge.
- Seconde transformation: il s’agit de l’ensemble des étapes industrielles qui adviennent après la première transformation.
La collecte de données sur ces éléments a été réalisée à partir de bases de données bibliographiques, d’une enquête réalisée sous la forme d’un questionnaire, ainsi que d’une quinzaine d’entretiens réalisés avec les acteurs du territoire.
La figure ci-dessous présente la structure globale des diagrammes de flux (ou diagrammes de Sankey) réalisés et introduit l’indicateur du « taux de valorisation régional théorique » :
Ce taux, défini par le ratio entre le gisement de déchets collectés en Normandie et les besoins en matière première recyclés des premiers transformateurs, permet de répondre à la question suivante : « A quel point les déchets produits en Normandie permettraient de répondre à la demande matière des industriels présents sur le territoire ? ».
Plus généralement, cette étape de diagnostic de l’existant a permis d’identifier si la région était plutôt exportatrice ou importatrice en matière première recyclée, ainsi que d’identifier les principales marges de manœuvre en termes d’amélioration de l’économie circulaire en région.
Un travail de régionalisation des scénarios Transitions 2050 et d’application sur le secteur de la gestion des déchets
En lien avec ses engagements internationaux de l’accord de Paris (2015), et dans l’objectif collectif de stabiliser le climat sous le seuil des + 2 °C, la France a construit deux premières Stratégies Nationales Bas Carbone (SNBC).
Dans ce contexte, d’ici 2050, l’ADEME a défini 4 scénarios prospectifs, intitulés Transitions 2050 correspondant à différentes stratégies pour atteindre la neutralité carbone :
Dans ce contexte, une seconde phase de l’étude a consisté à
- Régionaliser ces scénarios en Normandie: cette étape a consisté à « tirer le fil » des scénarios Transitions 2050, afin d’étudier si l’évolution de la région serait exactement la même que celle des scénarios 2050, ou si cette région connait une légère inflexion en fonction des matières et des industries présentes sur le territoire.
- Etudier le devenir du recyclage, matière par matière, dans le contexte de ces différents scénarios: cette étape a consisté à partir de l’état initial du recyclage, et de s’interroger sur l’évolution du taux de valorisation régional théorique dans chacun des scénarios. Selon l’évolution de la consommation des particuliers, les déchets ménagers et assimilés peuvent évoluer à la hausse ou à la baisse. Il en va de même pour l’évolution des industries, qui influencent à la fois la demande matière des industriels, et les déchets des activités économiques produites.
Ce travail a abouti à un ensemble d’évolutions du taux de valorisation régional théorique, pour chaque scénario et pour chaque matière.
L’ensemble de ces éléments a permis de prendre du recul par rapport aux enseignements du diagnostic initial, et à les replacer dans différents futurs prospectifs possibles. Ces éléments viennent appuyer ou au contraire relativiser l’importance de certains grands défis propres au territoire dans l’amélioration de l’économie circulaire en région.
Pour aller plus loin
Si le chemin est encore long pour parvenir à une circularité complète à l’échelle du territoire, il est crucial d’agir dès à présent pour optimiser la collecte à la source et flécher les nouvelles ressources vers les acteurs locaux. Dans ce cadre, I Care by BearingPoint accompagne les organisations et territoires dans l’élaboration de leur stratégie d’économie circulaire ainsi que plus largement dans la réalisation de prospective permettant de projeter son organisation et/ou son territoire dans le futur.
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