Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) publie en début Avril le dernier et troisième volet de son 6ème rapport (AR6 -6th Assessment Report) consacré aux solutions et leurs efficacité pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Que faut-il en retenir?
Notre expert en Stratégie Climat et Manager chez I Care, Guillaume Bonnentien, décrypte en vidéo.
Le 6ème rapport du GIEC*, le rapport le plus complet de l’Histoire ?
Guillaume Bonnentien: « Le GIEC publie tous les 6 ans en moyenne un rapport complet constitué de 3 volets:
- Le premier volet du 6ème rapport a été publié en août 2021. Il explique le problème sur le plan physique. Nous vivons une accélération sans précédent du changement climatique.
- Le 2ème volet du rapport a quant à lui été publié en février 2022. Il décrit les effets ravageurs, généralisés et irréversibles qui toucheront les populations et les écosystèmes. Il traite des vulnérabilités et les capacités d’adaptation à la crise climatique. (plus de détails sur le 2ème volet dans notre précédent Insight ici)
Enfin, le 3ème et dernier volet du rapport a été publié le 4 avril dernier. Il se penche sur les leviers d’atténuation du changement climatique.
Concrètement, c’est près de 3 000 pages de rapport, 3 ans de travail, 278 scientifiques de 65 pays différents, et plus de 18 000 publications scientifiques, techniques et socio-économiques analysées.
Donc oui, nous pouvons affirmer qu’il s’agit bel et bien du rapport le plus complet de l’Histoire. »
3 ans pour agir ?
Guillaume Bonnentien: « Dès aujourd’hui, il faut agir vite pour limiter le réchauffement climatique.
On a atteint une nouvelle fois un triste record puisque les émissions de GES annuelles au cours de la dernière décennie ont été supérieures à toutes les précédentes ! Nous sommes aujourd’hui sur une trajectoire de réchauffement planétaire de +3,2°C d’ici 2100. Bien loin des objectifs de l’Accord de Paris sous les 2°C voire 1.5°C.
Alors oui, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, le GIEC indique que cela suppose que les émissions mondiales de GES doivent atteindre un pic entre aujourd’hui et au plus tard avant 2025, c’est-à-dire 3 ans pour inverser la courbe.
Chaque année d’inaction implique un réchauffement plus important et réduit la marge de manœuvre pour respecter nos engagements climatiques dont ceux de l’Accord de Paris.
Cela implique donc des réductions rapides, profondes et, dans la plupart des cas, immédiates des émissions de GES dans tous les secteurs socio-économiques. »
Quels leviers d’actions pour transformer nos organisations ?
Guillaume Bonnentien: « Malgré un nouveau message d’alerte, ce rapport met également en avant les leviers d’actions et solutions pour y arriver.
Parmi les principaux leviers d’actions, je peux citer :
- La diminution de l’intensité carbone
- La redirection de l’ensemble des flux financiers vers des investissements cohérents et alignés avec les objectifs climatiques
- Et puis surtout, agir sur la demande »
La sobriété: le mot clé du 3ème volet du rapport?
Guillaume Bonnentien: « Il est nécessaire de consommer moins de ressource et faire preuve davantage de sobriété. Nous devons revoir notre manière de consommer, de nous nourrir, de se déplacer. Le GIEC indique dans son rapport qu’une réduction de 40 à 70% des émissions est possible en mettant en place une stratégie de sobriété à grande échelle. Celle-ci doit s’articuler autour de 3 piliers :
- Eviter
- Changer
- Améliorer
Donc concrètement pour votre organisation, il s’agit à la fois « de bon sens » mais aussi des changements structurels dans votre organisation. Il faut également mettre en place une action coordonnée le long de votre chaîne de valeur pour réduire efficacement vos émissions de gaz à effet de serre.
Si je devais donner quelques exemples concrets d’actions mises en place par les organisations qu’I Care accompagne, je pourrais citer :
- la suppression de l’avion dans l’approvisionnement de vos matières premières ou la livraison de vos produits
- l’éco-conception de vos produits et services, éviter les emballages, ne pas utiliser de matériau néfaste pour le climat…
- les actions en faveur de l’économie circulaire
- La promotion auprès de vos collaborateurs du télétravail, des mobilités douces et des transports décarbonés
- La mise en place d’une politique du numérique responsable,
- La rénovation de vos bâtiments avec des matériaux bio sourcés,
- La production d’énergie renouvelable sur vos bâtiments
- La valorisation de la chaleur fatale »
Avons-nous les moyens financiers pour atteindre nos objectifs climatiques ?
Guillaume Bonnentien: « La réponse est OUI !
Le GIEC indique que les coûts unitaires de plusieurs technologies à faible taux d’émissions n’ont cessé de baisser depuis 2010, c’est le cas notamment des panneaux solaires PV, des batteries pour les véhicules électriques… L’argument « les solutions coûtent chères » ne tient plus. De nombreuses solutions « à bas coût » existent pour réduire ses émissions.
Chaque euro investi ou dépensé dans une organisation doit faire l’objet d’une analyse, est-ce que mon investissement est favorable ou non pour le climat ? Si la réponse est non, la dépense ne devrait peut-être pas avoir lieu. Concrètement pour une organisation, c’est d’abord évaluer la part verte de ses investissements et de ses dépenses puis de mettre en place un plan de désinvestissement des dépenses défavorables pour le climat.
Les preuves sont claires. Nous savons ce qu’il faut faire, comment le faire, il ne reste plus qu’une seule chose, agir. »
Pour aller plus loin:
- Bon Pote – Nouveau rapport du GIEC : agir coûtera moins cher que le Business as Usual
- Pour un réveil écologique – Dernier Volet Présentation du Rapport Complet
- Résumé pour les décideurs publics GIEC AR6 – volet atténuation
- Résumé techniques GIEC AR6 – volet atténuation
- Rapport complet GIEC AR6 – volet atténuation
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